Impact acoustique et dimension sonique sont les caractéristiques venant immédiatement à l'esprit lorsque l'on veut évoquer la bande-son de Un Jour sur Terre. En effet, l'essentiel étant presque entièrement composé de musique, le film avait besoin d'un écrin de choix pour proposer ses nappes musicales suaves et profondes. Exit donc la piste Dolby Digital Anglaise, encodée à -4dB en terme d'offset, qui n'offre qu'une limitation en termes de réponse en fréquence et a tendance à alourdir le rendu du spectre avec des basses fréquences totalement inconséquentes et injustifiées, et un rendu du tissu acoustique brouillon et sans âme. Les pistes DTS (Master Audio et High Resolution pour la version commentée par Anguun) relèvent immédiatement le niveau, et proposent de superbes textures suaves, et un effet de velouté et de 'satiné' sur la partition musicale de George Fenton qui donne, en de multiples reprises, des frissons coupables dans le dos. Le rendu du tissu musical se fait délicat dans la perspective multicanaux créée, et offre une musicalité teintée d'émotions symphoniques qui se placent d'emblée en synergie avec les images. Douceur et dynamique habitent cette bande-son très contrastée qui convoque tantôt des partitions bien connues (issues par exemple de la bande-originale de Lost in Translation), tantôt une partition originale qui se répand dans la piè-ce d'écoute avec un bel équilibre spectral et es textures douces et soyeuses. Les instruments sont clairement positionnés et la densité orchestrale est bel et bien présente en chaque instant. Les pistes DTS parviennent à énergiser et à apporter une sublime densité à la musique qui devient palpable et organique, véridique et émanane de tous les diffuseurs avec une énergie vivifiante et un filé acoustique incontestable. Que l'on écoute en DTS EnCore (comme c'est notre cas) plein débit ou DTS-HD Master Audio/High Resolution, le rendu demeure soyeux et limpide, impérial et aérien, avec une très juste réponse en fréquence et un sens du détail divin.

Mais l'autre atout de cette bande-son est de proposer des paysages sonores via des nappes acoustiques de sons naturels d'arrière-plans. Ceux-ci occupent régulièrement le premier plan de la bande-son, et se voient disséminés aux points cardinaux de l'installation 5.1, offrant des perspectives acoustiques vertigineuses, palpables et envahissantes, d'un réalisme fou. En ce sens, les rapports avants-arrières se font avec délicatesse, douceur et fraîcheur, décrivant avec force un paysage acoustique fait de bruissements de feuilles, de vagues, de crépitement naturels superbement enregistrés et intégrés dans un mixage qui conserve le réalisme de la scène à l'écran sans jamais en faire trop. Les multiples occurences du vent dans les grands arbres sont en soi un superbe exemple de dextérité de mixage et de mise en avant de détails importants et discrets. Les insectes et autres poissons traversent la scène sonore avec panache, et leur trajectoire est accompagnée par des déplacements des masses sonores tracés au cordeau, repérables et audibles sans effort. Ce bain acoustique d'une grande délicatesse est traité avec réalisme et grandeur, fludité et véricité fréquentielle. Ainsi, la dynamique grimpe violemment et l'ensemble de la scène d'écoute brille d'une foultitude de sonorités très concrètes formant des nappes plus abstraites en symbiose avec les images. La réponse en fréquence respecte au hertz près ce sentiment de naturel et de fluidité, et le(s) format(s) DTS excellent à tirer parti de cet ensemble de subtilités, avec des mouvements acoustiques tantôt subtils, tantôt plus agressifs, qui glissent dns la partition avec un sens de la symbiose avec les images qui a très sincèrement de quoi donner des frissons. La scène arrière se montre perforante et réaliste, en liaison permanente avec l'arc frontal, et avec une générosité dans la gestion de l'acoustique qui n'a d'égale que la subtilité qui s'empare de l'ensemble. Certains passages se montrent plus timides dans leur évocation, mais ceci est du aux circonstances narratives et visuelles, tant est si bien que la bande-son se place en permanence en phase avec ce qui est montré à l'écran.

Un mixage qui respire, alimenté par sa propre force et celle des images, et qui dissipe une oxygénation acoustique bienvenue. Aussi délicat que la partition musicale qui l'accompagne, cette bande-son demeure intimement spectaculaire et nuancée, riche et variée, impérieuse et grandiloquente. Les passages sous-marins abusent de bruitages d'ambiance reproduisant les chants des baleines en 5.1 multicanaux sans que l'auditeur puisse trop facilement repérer la source d'émission. le paysage sonore se montre tellement immersif parfois qu'il est possible de s'y perdre. Des positionnements artistiques (enregistrements sur le terrain lors du tournage ou reconstitué en studio) et techniques (le mixage en lui-même) aux petits oignons. Au final, les visuels ont trouvé leur ampleur acoustique, et le film devient un véritable monument d'images et de sonorités modernes et accueillantes.

Un diapason de bronze diablement mérité.