1 avril, 2023 - 02:25
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Paramount et Sony: ou comment aberrations riment avec raison commerciale…

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Sur DTS-phile, vous le savez, nous avons toujours apprécié la traque aux aberrations… Depuis près de 10 ans, nous traquons les injustices techniques, les aberrations dont sont victtimes nombre de titres édités sur format DVD ou maintenant, Blu-Ray. Dernièrement, le film, exceptionnel et quasi-conceptuel de l’un des petits génies d’Hollywood (qui ne sévit d’ailleurs pas exclusivement qu’au cinéma), J.J. Abrams, Star Trek, faisait son apparition en Blu-Ray zone B, sous la gouverne de Paramount. Si le studio/éditeur s’est récemment tourné vers le codec DTS-HD Master Audio avec les sorties très réussies de GI Joe et de Transformers 2, il n’en était pas encore le cas pour l’édition HD de Star Trek. Ainsi, l’éditeur offre une piste son encodée en Dolby True HD 5.1, que certains sites internet, et nombre de nos confrères, ont qualifié de monumentale, allant jusqu’à lui accorder (Ralph Potts, de AVS Forum), la note de 100/100… Bien entendu, nous sommes en désaccord pur et simple, et s’il n’en tenait qu’à nous, cette bande-son, du moins cette piste son, ne dépasserait pas les 50/100…

 

La raison ? Cette bonne vieille rengaine à laquelle le format HD Blu-Ray ne nous avait pas habitué depuis fort longtemps: réégalisation sauvage, réadaptation du mixage studio/cinéma à des fins plus « domestiques », rééquilibrage de la scène arrière, recalibration des basses fréquences et du canal 0.1 LFE… Et Star Trek, loin de là, n’échappe aucunement à cette politique malsaine, nous offrant le pire (mot pesé avec soin) de ce que le home-cinema peut offrir… Pour s’en convaincre directement, il suffit d’insérer le disque de suppléments dans votre platine, et de vous diriger vers les bandes-annonces du film, notamment la seconde, littéralement exceptionnelle (montage, musique etc…), et de faire grimper très haut le volume sur votre amplificateur, de 10 à 14 bons dB en plus du niveau d’écoute habituel. Et de constater à quel point le mixage 5.1, encodé en simple Dolby Digital 5.1 avec pertes (640 Kbps) tient la cadence, affiche une profondeur de signal sidérante, une dynamique de tous les diables, une finesse de rendu sur tout le spectre, et une gestion de la scène arrière finement intégrée. Un très grand moment, pour une simple, presque banale, bande-annonce, que, de toute façon, peu de spectateurs prendront la peine de visionner…

 

Une fois inséré le disque du film, et ce dernier démarré, commuté en Dolby True HD, les résultats diffèrent considérablement: scène sonore flasque, peu étirée, spatialisation bien trop mesurée, réduite, éteinte (pas le moindre ou très peu de présence arrière, même lors de tirs de torpilles dans la grande séquence qui ouvre le film…), dynamique rabotée, son plat et aseptisé, dialogues étouffés… La comparaison avec la bande-annonce est à ce point édifiante. Une autre séquence: l’attaque de la créature des neiges ne déplacera pas la moindre basse fréquence (ou si peu…) et ne s’ouvrira presque jamais sur la scène arrière… Cette dernière, une fois un peu plus patente, lors de l’arrivée de Léonard Nimoy, n’offrira rien de mieux qu’un rendu à la ‘Dolby Surround’, totalement éloigné des standards actuels, et totalement décevant dans sa présentation soit-disant « sans pertes »…

 

Véritable désastre à nos oreilles, le mixage du film, très dynamique et ouvert en salles, n’affiche ici que l’ombre de lui-même, décevant considérablement, et se montrant tout bonnement incapable de mettre en avant la qualité et la dynamique incendiaire dont est théoriquement capable un format audio non compressé. Une véritable parodie, un infâme gâchis. C’est bien simple, la piste Dolby Digital 5.1 de la bande-annonce, proposée en audio standard (avec perte(s), donc), sonne véritablement comme une piste son non compressée en comparaison directe avec la piste True HD du film lui-même… 30 Euros le Blu-Ray, ou comment acheter un film pour savourer ses bandes-annonces… L’éditeur a employé le même algorithme de traitement sonore sur toutes ses sorties Blu-Ray depuis l’origine du support, et ce jusqu’à son passage au codec audio DTS-HD Maser Audio, qui, lui, change totalement la donne. Le rendu est différent, largement plus incisif, largement plus étoffé, offrant davantage de matière acoustique et de présence aux bandes-sons des films édités. Star Trek peut ainsi être considéré comme une dommage collatéral, ce que nous regrettons amèrement… Pour le reste, très peu de différences sont audibles entre la piste française proposée en Dolby Digital 5.1 standard et la piste VO en Dolby True HD… Paramount, ou comment proposer une piste son qui n’a de HD que le nom…

 

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Autre aberration en date: la venue, au format Blu-Ray, de la dernière vision du futur de la saga Terminator: Terminator Renaissance. Autre bande-son explosive, aux chroniques dithyrambiques de par le monde. Un mixage redoutablement dynamique, furibond, puissamment évocateur, et à côté duquel toute la piste son Dolby True HD de Star Trek passerait pour la bande-son d’un épisode de Derrick… Une aberration sans fondement se cache toutefois dans chacune des éditions Européennes… L’éditeur, Sony, propose le film de MacG en DTS-HD Master Audio 5.1 en VO, mais aussi, selon le marché, dans la langue officielle régionale (Français pour la France etc…). Il suffit d’écouter ne serait-ce que 15 secondes des scènes les plus agitées, ou d’autres séquences plus dialoguées en VO Master Audio, et de passer ensuite en VF DTS-HD Master Audio pour se rendre compte du gouffre quasi-abyssal qui les sépare: en VO, la scène arrière se montre extrêmement mesurée, voire incohérente: des passages d’engins d’arrière en avant n’activent que très peu la scène arrière, alors qu’en VF, pourtant systématiquement inférieure pour des raisons d’intégration des dialogues doublés qui applatissent le mixage, la scène sonore, dans sa globalité, récupère une énergie et une logique acoustique sans commune mesure: les voies arrières se réveillent, révélant des subtilités de mixage voire des effets tout bonnement inaudibles ou tamisés sur la VO originelle. Cette aberration, constatée sur le disque Français, a été aussi reproduite sur le disque en provenance du Royaume-Uni, que nous avons pu « tester » hier même, qui offre pour sa part un mixage DTS-HD Master Audio en… Italien, lui-même supérieur à la piste VO Anglaise…

 

Plusieurs internautes de confiance nous ont rapporté ce soucis, que nous confirmons. Si seulement les chroniqueurs étrangers avaient la possibilité de découvrir les versions doublées de Terminator Salvation… Leurs notes astronomiques au sujet de la VO ne pourraient en effet que dépasser les 10/10 ou 5/5… si toutefois cela était possible…

 

Que se passe t-il, au grand final, dans le monde de l’édition Blu-Ray? Certaines tendances vicieuses de l’époque du DVD seraient-elles transmises vers ce jeune support HD? Le retraitement des bandes-son, plus forcément nécessaire à l’ère de la HD et de l’audio HD, referait-il une réapparition? Seule la suite nous l’indiquera, mais en attendant, méfiez-vous de ce que vous lisez d’un pan de l’internet à un autre… Seules vos écoutes poussées permettront, comme ce fut, de toute manière, toujours le cas, de faire la différence… Votre différence.

 

A propos de Stéphane Roger | Cornwall

Rédacteur en chef et créateur du site DTS-Phile.com. Cinéphile, enseignant.

4 commentaires

  1. En tant que technophiles on avait tous espéré que la situation change… Mais comme lors l’arrivée du DTS sur le DVD, les capacités HD des nouveaux codecs servent malheureusement autant d’argument marketing pour faire passer le grand public à la HD que d’évolution technique. D’autant que lorsque le grand public pense HD, c’est relatif à l’image, trop peu souvent au son pour lequel le grand public est rarement équipé… Alors les studios font du compromis pour grand public, comme à l’aire du DVD : le fond du problème n’ayant jamais été technique mais « stratégique », pourquoi cela changerait-il ? 🙁

  2. Bonsoir,

    Très bon article !

    Philippe

    PS : par contre une p’tit double frappe au passage 🙂 « victtimes »

  3. Bonjour,

    C’est curieux mais je pensait pourtant qu’avec les capacités des format HD a restituer un son LossLess ce genre de pratique d’adaptation au format domestique serait abandonnés.

    Peut être au fur et a mesure on ne verra plus ça.

    @+

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