Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir de très brèves chroniques de titres Blu-Ray récemment édités, et au sujet desquels nous n’avions encore rien écrit. Aucun mécanisme de sélection, mais de simples mots-clé qui placent d’emblée dans l’ambiance que dégage l’acoustique spatialisée de ces titres porteurs, et réellement capables de mettre en avant les vertus du son numérique lossless. De multiples diapasons ont été accordés à cette occasion. Découvrez notre tour d’horizon, non exhaustif, mais qui devrait vous permettre de faire vos choix.
FURIE
S’il n’a pas rencontré son succès escompté, Le Livre D’Eli dispose d’un transfert Blu-Ray en acier blindé. Pour preuve, son master image terrassant de précision et de finesse, sans cesse ajusté, permet d s’immerger totalement dans l’atmosphère post-apocalyptique pensée et conçue par les deux frères metteurs en scène. La bande-son du film encodée en DTS-HD Master Audio 5.1 (sous 24 Bit) dispose d’une accroche frénétique et d’une disposition spatiale qui frise l’irrévérence. Les ambiances se font fines et nettes, détaillées avec soin. Les deux fusillades du film, certes brèves, constituent à n’en point douter des scènes mémorables sur le terrain acoustique: les coups de feu résonnent avec une vigueur sans nom, et l’intégralité de la scène sonore s’agite de toutes parts, offrant un rendu spatial divinement contrasté et riche de mille nuances. Une véritable furie acoustique à la dynamique incendiaire, et à la réponse en fréquence idyllique. Ces deux séquences, véritable coups d’éclats formels, se hissent dans peine à la hauteur d’un ‘top-démo’ pour cette année 2010, enraison de la violence sonore instantanée qu’elles déploient et de la profondeur acoustique qu’elles dessinent au coeur de l’espace 5.1. La clarté spatiale offerte par le son numérique lossless, ainsi que son impact et son degré d définition sont ici immanquables et constituent des pièces de démonstration (presque) absolues. Diapason d’argent. Dieu que le rendu audio proposé par le format DVD, aussi bon soit-il, est loin derrière…
DENSITE
La bande-son de DayBreakers, encodée en DTS-HD Master Audio 7.1 (Discrete, sous 24 Bit, 5431 kbps selon nos confrères de dvdbeaver.com), propose une expérience analogue à celle du Livre d’Eli, mais à laquelle se rajoute rage et puissance effrénées. L’éditeur, Lionsgate, pourtant spécialiste des ré-égalisations sauvages, livre ici une piste son 7.1 lossless d’une superbe densité acoustique, qui restitue au mieux le mixage originel: la scène sonore, dès les tout premiers instants, remplit l’espace d’écoute en étoffant chaque recoin, et en diffusant un environnement sonore dimensionné et réaliste, riche en nuances diverses. Les deux canaux supplémentaires proposés sur la scène arrière se montrent, pour une fois, non pas relégués à de simples ambiances inaudibles, mais participent de l’effort de mise en espace des sons. Réactive, ample et généreuse, d’une grande précision dans sa délimitation des périmètres spatio-acoustiques, cette bande-son rageuse et vibrante constitue sans nuls doutes l’un des meilleurs usages récents du format audio 7.1, tout en offrant une expérience sonore dense, riche et texturée, aux multiples éclats et à la variété abondante. Un superbe tapis acoustique qui remplit la pièce, particulièrement appuyé et profond, dès les tout premiers instants, d’une myriade de sons high tech et réalistes, sensiblement marquants et violents, et qui, régulièrement, transcendent réellement la préhension du film. Le pouvoir de recouvrement acoustique se montre ici optimal et optimisé. Une exceptionnelle réussite Australienne, image(s) et son(s), précédée, en ouverture, d’un jingle DTS présenté en DTS-HD Master Audio 7.1 Discrete (24 Bit et 96 Khz). Souvent incroyable voici à nouveau un mixage exemplaire qui surclasse tous les rendus audio possibles entendus et expérimentés sur support DVD.
OUVERTURE
Disponibles depuis le mois de juin, les deux premiers opus de la saga Toy Story, pourtant vieux de près de 15 ans, constituent pour leur part l’exemple parfait d’un traitement vidéo… parfait. L’image se montre idyllique, tout bonnement parfaite et anthologique, et semble même davantage impressionner que les productions Pixar plus récentes. Du côté sonore, Gary Rydstrom, alors en charge du sound design et du mixage, a su réaliser des performances hors normes, que les pistes DTS-HD Master Audio 6.1 (Matrix) retranscrivent comme jamais auparavant. Clarté de cristal, ampleur sonore dithyrambique, sens du détail, puissance d’évocation, rigueur des espaces sonores… . Il s’agit tout bonnement de deux des bandes son les plus jouissives entendues au cours de cette année, qui surclassent même celles des dernières productions Pixar. Le générique de fin de chaque épisode, en particulier, propose un rendu spatial et des originalités de mixage presque inédites, au rendu tout simplement mirifique pour peu que le matériel suive. Le reste des films, courts, concentre un maximum de créativité sur l’intégralité des canaux, avec de régulières exergues qui animent le canal central arrière avec une précision là aussi mémorable. Les basses fréquences accusent un poids et une netteté d’ensemble qui laissent sur le carreau, et l’intelligibilité du canal central, tout autant que sa clarté impérieuse, évoquent davantage la Haute Fidélité que le son cinéma. Des modèles du genre, pourvus de séquences anthologiques (le camion dans le premier opus pour ne citer que lui) à l’ouverture et à la variété sonore presque indéfinissables.
EPIQUE
Le Choc des Titans déploie en quasi-permanence une scène sonore 5.1 qui, si elle se montre quelque peu moins perforante et performante que les titres chroniqués plus haut, leur emprunte leurs chemins acoustiques sinueux ainsi que leurs vertus sonores saisissantes. La piste DTS-HD Master Audio, proposée en 5.1 multicanaux, se montre diantrement puissante et appuyée, regorgeant d’ampleur et forte de situations épiques. Les multiples combats décrivent un périmètre acoustique large et densément peuplé de cris, vociférations, râles et souffles qui, d’un même tenant, procurent ampleur et souffle guerrier à un ensemble remarquable. En particulier, le combat final, contre le célèbre Kraken, constitue un point d’orgue où culminent toutes les vertus de ce mixage sauvagement agressif. L’ensemble réagit avec flexibilité et puissance, incitant à faire grimper les décibels afin de savourer au mieux cette déferlante de clashs et autres concussions, tout en préservant la fort agréable intelligibilité qu’offre le codec DTS-HD Master Audio 5.1, ici clairement à son avantage, et loin, très loin des pistes son déployées par l’éditeur au cours des précédentes années, sur supports DVD ou Blu-Ray. La musique se répand avec tact et tenue, tandis que s’additionnent les multiples sons des armes. Une superbe mobilité spatiale enrobe les sons, qui se déplacent aux quatre coins cardinaux de l’installation avec une facilité déconcertante et une évidente précision. Variété et diversité (les cris fulgurants des différentes créatures) animent ce mixage au montage son certes tapageur, mais disposant de suffisamment de rigueur et de largeur acoustique pour convaincre en termes de dimensionnement de la scène sonore. (édition testée: zone B Britannique, identique à la zone B Française à paraître sous peu, courant août).
FOISONNEMENT
Dernière réalisation de Tim Burton, Alice au Pays des Merveilles propose une image en 2D (3D non native en salles, au rendu stéréoscopique très perfectible…) plutôt réussie, mais semble préserver ses caractéristiques 3D… pour sa bande-son. En effet, personne ne pouvait s’attendre à un tel déferlement de diversité, un tel foisonnement de sonorités toutes plus originales les unes que les autres, subtilement placées dans un environnement sonore à la spatialisation exemplaire. La piste son, ici encodée en DTS-HD Master Audio 6.1 (Matricé, sous 24 Bit et 48 Khz), dispose d’une très solide réserve de puissance. La pertinence du canal central arrière, d’ordinaire relégué au domaine du secondaire, prend ici tout son sens sur de très nombreuses séquences clé, comme cette chute dans le « rabbit hole », qui déclenche une triphonie arrière au rendu exemplaire et perforant, tout en conservant une spatialisation à la précision chirurgicale. Autre aspects marquants de cette piste 6.1: sa diversité et son originalité, visibles/audibles dans le rendu et la conception des sons dans l’espace. Les insectes imaginaires pourfendent la zone d’écoute d’avant en arrière lorsque Alice pénètre à Wonderland, des ombres fantomatiques hantent l’espace d’écoute, d’abord de manière spectrale et informelle sur les trois canaux arrières, puis de manière plus concrète sur la scène frontale et le canal de renfort de graves (.1 LFE). Une fois à Wonderland, rares sont en effet les scènes ou séquences dépourvues d’ambiances poussées ou habitées de sons croquignolesques. L’ensemble se voit agité de toutes parts, sans pour autant viser l’agressivité. Au final, le parcours d’Alice se montre tout autant visuel que sonore, tant la bande-son et son mixage/montage accompagne sa quête avec véhémence et acuité. Un authentique paysage acoustique, riche et mouvementé, aux multiples panoramas sonores, qui vit, existe et respire sur sept canaux très sensiblement plus audibles que dans les précédentes créations de Tim Burton, pourtant riches en évènements sonores. Dosés avec un équilibre réaliste et féérque à la fois, les mutliples tintements de clochettes, chuintements, vociférations, plaintes ou ritournelles musicales jouissent d’un subtil équilibre sonore, aux localisations poussées et puissantes, et à l’acoustique forte et doucereuse à la fois. Le rendu du son numérique lossless (sans compression), via le codec DTS-HD Master Audio 6.1 surprend à nouveau par l’évidence de ses qualités musicales et acoustiques.