Hong
Kong, 1966. Dans sa petite chambre d'hôtel, Chow Mo Wan,
écrivain en mal d'inspiration, tente de finir un livre
de science-fiction situé en 2046. A travers l'écriture,
Chow se souvient des femmes qui ont traversé son existence
solitaire. Passionnées,
cérébrales ou romantiques, elles ont chacune laissé
une trace indélébile dans sa mémoire et nourri
son imaginaire. L'une d'entre elles revient constamment hanter
son souvenir : Su Li Zhen, la seule qu'il ait sans doute aimée.
Elle occupait une chambre voisine de la sienne ? la 2046...
NOTEZ LE FILM
DOSSIER
DE PRESSE
S'il
a eu l'idée de 2046 en 1997 - année de
la rétrocession d'Hong-Kong à la Chine, Wong Kar-Wai
a commencé à y travailler en 2000, à la fin
du tournage d'In the Mood for Love. Cinq ans lui auront
été nécessaires pour terminer ce film, tourné
entre Shangaï, Hong-Kong, Bangkok et Macao : aux nombreuses
évolutions qu'a fait subir le cinéaste à
son projet (changements de casting et de compositeur notamment,
puis très long travail de montage) s'est ajouté
un facteur extérieur : l'épidémie de SRAS
(cas de pneumonie atypique) qui s'est propagée en Asie
au début de l'année 2003 a en effet retardé
le tournage de certaines scènes.
"Nous avons tous besoin d'un endroit où stocker, voire
cacher, souvenirs, pensées, impulsions, espoirs et rêves.
Ce sont des aspects de nos vies que nous ne pouvons résoudre
ou plutôt sur lesquels nous ne pouvons agir, mais en même
temps nous redoutons de nous en délester. Pour certains
cet endroit est un lieu réel, pour d'autres un espace mental,
pour un plus petit nombre ce n'est ni l'un ni l'autre. 2046 est
un projet entamé il y a quelque temps. Le chemin pour achever
le film fut long et riche en péripéties. Tout comme
les souvenirs que nous cherissons, il est difficile de s'en défaire."
Le titre choisi par Wong Kar-Wai pour son nouveau film était
le numéro de la chambre d'hôtel de In the Mood for
Love, lieu de rencontre des deux protagonistes. Ce chiffre fait
également référence à la dernière
année durant laquelle Hong Kng bénéficiera
en Chine d'un statut spécial.
Annoncé
comme l'un des événements du Festival de Cannes
2003, 2046 a été... l'un des événements
du Festival de Cannes 2004, même s'il a bien failli ne jamais
être projeté sur la Croisette. Le long-métrage
a en effet été sélectionné alors que
Wong Kar Waï n'en avait pas encore achevé le montage.
Le réalisateur aurait même retourné certaines
scènes quelques jours avant la présentation du film
au festival, même si, selon l'intéressé, il
s'agissait essentiellement de retravailler les effets spéciaux...
2046 allait-il être terminé à temps ? Le suspense
s'est poursuivi jusqu'au jeudi de la projection : en début
d'après-midi, le festival ne disposait que de 20% de la
copie. Le réalisateur - qui était attendu le mercredi,
mais a raté son vol...- est alors arrivé en avion
privé à Cannes, les bobines manquantes sous les
bras (il aurait, selon certaines rumeurs, bénéficié
d'un couloir aérien). Au prix de modifications dans le
calendrier des projections, le film a finalement pu être
présenté dans la soirée... Mais, donné
comme l'un des favoris pour la Palme d'Or, 2046, qui
était présenté en compétition, est
reparti bredouille.
CRITIQUE
Pour Pascal Mérigeau du Le Nouvel Observateur: "2046
procède d'une addition de moments qui pour beaucoup
touchent au sublime, instants volés au temps, impressions
suspendues..." et Jean-Pierre Dufreigne de l'Express: "Une
oeuvre de perdition, une métaphysique de la mémoire,
un traité du désespoir souriant. Une beauté
sans pareille, comme contempler en gros plan la fumée de
cigarette d'une femme ravissante sur une aria d'opéra (Norma
en l'occurrence). une oeuvre inclassable mais que nous classerons
déjà parmi les inoubliables". Une presse unanime,
un film devenu légende de par son anecdote cannoise sur
laquelle le DVD revient allègrement et longuement. 2046
s'impose comme une oeurve moderne et moderniste. D'une virtuosité
sans pareille, la caméra de Wong Kar Wai scrute et explore
à la fois. C'est à elle qu'échoit de dimensionner
ces histoires, d'apporter, à la lumière du cinéma,
une tentative d'élucidation de même qu'un regard
sur la vie et l'existence. Réflexion impressionniste sur
le temps qui passe, instantané expressionniste sur l'essence
formelle du cinéma, 2046 impose l'esthétique
du sentiment et offre une mise en scène d'une richesse
miraculeuse. Diamant noir aux mille éclats, le film de
Wong Kar Wai s'affirme comme l'oeuvre poétique en écriture
constante, mais aussi comme la poétisation d'une écriture
filmique. Rythmé par des rencontres puis par leur souvenir,
2046 se veut également un film de femmes, sorte
de rêve charnel éveillé évoluant dans
une essence romantique prenant elle-même sa source dans
un substrat romanesque. Hommage manifeste à Truffaut ou
Fassbinder, le film s'inspire également d'Antonioni, duquel
il récupère ces interrogations métaphysiques
sur le couple et l'intégrité, sur l'existence et
le destin. Accomplissement majeur, pierre blanche dans la carrière
pourtant déjà bien enclenchée d'un cinéaste-auteur
finalement plus Européen qu'Asiatique, loin de toute mode
ou préconception esthétique, 2046, de par
sa singularité, demeure un ballet de formes et de gestes,
fragmenté et pourtant très construit. Une part d'insaisissable,
un supplément d'âme et un état de radicalité
formel tour à tour éblouissant, libérateur
et absolu.
Vidéo : Que vaut l'image de ce DVD ?
 |
Un
encodage miraculeux, pour un télécinéma incendiaire
de qualité. Le secret de cette édition DVD réside
dans la température colorimétrique du rendu des
couleurs du film. Et l'on en attendait pas moins! Et pour cause:
Didier le Fouest (l'étalonneur du Fabuleux Destin d'
Amélie Poulain) a été recruté
pour réaliser l'étalonnage numérique chez
DuboiColor, à Paris. Un master numérique HD a servi
pour tirer les copies du film en salles (laboratoire Eclair),
ainsi que pour cette exploitation en vidéo, dont le pré-master
a été traité par Eclair Premastering DVD.
Didier Le Fouest, qui fit l'étalonnage avec William Chang,
a suivi un long processus de comparaison entre le film et le résultat
sur DVD. Le but avoué était de produire la meilleure
solution vidéo possible, tout en se conformant aux principes
artistiques de Wong Kar Wai, connu pour son niveau d'exigence
très élevé (il a tourné 2046
avec trois chefs opérateurs!). Au final, l'image proposée
ici est absolument impeccable et impressionne par la finesse de
son rendu. Les nuances colorimétriques ainsi que les contrastes
bénéficient au maximum des soins de Duboi, proposant
sur l'écran une très grande richesse ainsi qu'une
belle amplitude vidéo. La défnition est ciselée,
fine mais jamais outrancière, découpant les ombres
et les objets avec une très belle précision. Les
lumières, idylliques et incroyablement enivrantes, sont
elles aussi restituées avec force et conviction, équilibre
et... luminosité. L'élégance visuelle de
2046 est à ce titre rendue au maximum. Réaliste,
argentique, l'image restitue admirablement l'intégrité
artistique du film, jusque dans son piqué, sans glisser
vers le numérique outrancier. Les séquences en image
de synthèse déréalisent un peu le film, mais
sont présentes à l'écran avec le même
éclat. Les arrières-plans, comme les premiers-plans,
ne patissent jamais d'une faiblesse d'encodage, laissant alors
lire une très belle profondeur de champs. Les visages scrutés
par la caméra en permanence, sont à la fois réalistes
et artistiquement parfaits, du cadrage jusqu'au rendu sur ce DVD.
Nous avons tout de même noté la présence d'un
grain persistant lors de certaines séquences en très
basse lumière ou dans des conditions d'exposition particulières,
mais il ne s'agit nullement d'un défaut. En effet, le cinéaste
a toujours apprécié retourner vers la source même
de la pellicule sur tous ses films, de Nos Années Sauvages
à Happy Together... En outre, les noirs sont
rendus avec une pureté qui les rend lisibles et profonds
à la fois, forts sans être durs. L'éditeur
nous propose donc une image lisse et d'une grande clarté,
propre, saturée avec soin et définie de manière
optimum, en phase totale avec le projet de mise en scène
du cinéaste. Les contrastes sont finement gérés
et proposent des noirs purs et denses. Ajoutons enfin que les
multiples régimes du montage, qui alterne vitesse normale
et ralentissements, saccades... sont reproduits eux aussi avec
le même soin. Une réussite incontestable, qui restitue
l'équilibre et l'essence esthétique du cinéma
de Wong Kar Wai avec une 'impeccabilité' et une prestance
techniques que nous saluons doublement.
Audio : Analyse des pistes sons du disque
Claude Letessier
sur son travail: "La bande son de 2046 est humble, elle
est simple et elle est profonde. II n'y a aucun artifice traditionnel
du cinéma, pas de surexploitation des surrounds, très
peu de mouvements suivis dans le centre, une simplicité
dans la répartition des bruitages et une utilisation optimale
des sons de production. Je me suis assis en salle de mixage, avec
une écoute de proximité, sans trop monter le volume,
car 2046 est un film élégant. J'ai tout resserré
au centre, corrige les médiums des dialogues pour qu'ils
soient plus perçants. Du coup, la musique nécessitait
une spatialisation plus précise, avec des vapeurs de réverbération
a I'arrière pour donner de la profondeur et établir
une relation tridimensionnelle. En réalité, c'est
une bande son complètement organique, électrique,
aux antipodes du numérique, qui est froid."
Impossible
en effet de ne pas accorder tout notre intérêt au
travail artistique que représente la bande-son de 2046.
Fine et colorée, calme et impérieuse, elle recèle
une richesse expressive de tous les instants. Orientée
vers un réalisme sonore absolu, elle n'oublie cependant
pas de composer un paysage acoustique en phase avec l'évolution
des personnages et de leurs états d'âme. Contrepoint
dramatique majeur, celle-ci est organisée autour de deux
axes majeurs: les dialogues, d'une part, et la musique, d'autre
part. Une double forme d'inspiration en somme. Signalons que la
musique du film a été empruntée à
certains films de Fassbinder (Peer Rabben) ou de Truffaut (George
Delerue), dont Wong Kar Wai capte l'essence polysémique
pour finalement la faire sienne, énergie du désespoir
mais aussi substance organique dans laquelle baigne son film.
Scénique et ouverte, la bande-son installe très
rapidement une couleur, une humeur tridimensionnelle qui s'établit
dès les premiers instants comme modèle acoustique
dominant, forme sonore essentielle. COmme chez Scorsese, la musique
chez Wong Kar Wai occupe un espace diégétique, oriente
la dramaturgie en proposant un pistage dramatique, une indexation
thématique faite de rancœur, de réitérations
(le thème obsédant du film, les aria...), de réinterprétation.
Forme artistique dense mais fluide, la bande-son s'insinue dans
la matière du film, qu'elle pénètre et occupe
de manière immanente, établissant une relation charnelle
avec les images. L'acoustique des lieux est reproduite avec un
soin extrême au cœur d'une scène sonore vaste
et intime à la fois. La scène frontale véhicule
la majorité des sons d'ambiance, et constitue un ancrage
spatial de référence pour la bande-son, au coeur
duquel celle-ci établit sa véracité et sa
force de persuasion, aidée en cela par une captation des
dialogues aux petits oignons. Pureté et impact les caractérisent,
tout comme la brillance et une belle forme de réalisme.
Sur ce plan-là, l'impact psycho-acoustique est troublant
de véracité: les petits cris de Zhang Zhiyi sont
reproduits avec une sensation de naturel confondante.
Ce
naturel restera, sur toute la durée du métrage,
la pierre angulaire du mixeur et du sound-designer. S'installant
dans la continuité esthétique des précédentes
oeuvres de Wong Kar Wai, cette bande-son frappe par l'expressivité
de sa sobriété: voies surrounds employées
finalement abondamment, pour amplifier le paysage acoustique,
basses expressives,... sans jamais glisser dans des facilités
de conception ou des clichés sonores. Privilégiant
la clarté des messages sonores tout autant que leur naturel,
la bande-son de 2046 bâtit un édifice dramatique
majeur et essentiel. Profusion et richesse caractérisent
ce mixage, qui ne verse cependant jamais dans l'excès mais
se choisit la voie de la mesure, ce qui ne signifie pas pour autant
minimalisme... . Les sons de production ont été
utilisés au maximum selon Letessier, ce qui ne surprend
pas. ils sont intégrés dans le "plenum"
sonore du film avec un beau naturel et l'on ressent cet équilibre
et cette absence de traitement en post-production, de ré-enregistrements.
Un renoncement à l'artifice et une profession de foi envers
le naturel, ou plutôt, l'expression du naturel organique
au travers du médium sonore. A ce titre, la bande-son est
une réelle oeuvre d'art, composée et façonnée
comme une forme artistique physique. Une véritable pallette
faite de nuances et de volutes savoureuses.
Elément multicanal principal, la musique dessine dans l'espace
sonore du film des arabesques texturées inoubliables. Reproduite
avec une clarté stupéfiante et un équilibre
spectral rarement atteint, elle participe corps et âme aux
mouvements du film et accompagne la dramaturgie, qu'elle instaure
finalement, avec une délectation et une légèreté
presque émouvantes. Employant des airs d'opéra ou
des titres jazz, la bande-originale, autre versant de la bande-son
du film, évolue au gré d'un rythme global lancinant,
frais et infiniment romantique dans son expression. L'expressivité
des chansons employées colore la bande-son et revivifie
son pouvoir de dire, de raconter, d'exposer, oralement, une histoire
complexe, à base de fragments et de sensations. D'où
ce sentiment d'écouter un tout organique à l'écoute
du film: palpitante et tapissée d'ambiances, la bande-son
obéit au rythme du film tout en proposant sa propre intégrité
physique dans son domaine. L'acoustique environnementale et ambiophonique
que propose le film repose sur un sémantisme fort qui jamais
ne s'éloigne de sa dimension artistique. Loin des démonstrations
de force à base de "gros son", la bande-sonde
2046 instaure une "aura" diaphane, un sentiment d'évanescence
permanent. En outre, celle-ci se redéfinit à chaque
séquence, et propose donc une forme aspectuelle mouvante
et liquide. Si les effets à proprement parler ne sont pas
légion, la scène sonore est employée à
bon escient: construite autour d'une base stable et solide, elle
s'articule en mouvements musicaux qui envahissent tous les canaux
avec un pouvoir de recouvrement sincèrement très
convaincant. Sa dimension spatiale et son relief émotionnel
se traduisent dans l'espace sonore du film, géré
en 5.1, et dont la nature discrete permet d'établir un
univers acoustique cohérent fait d'échos, de déplacements,
de chocs d'objets, de perceptions, de productions vocales (les
langues Asiatiques multiples employées sur le tournage
révèlent à elles seules une vraie musique
poétique du fait de leurs intonations diverses)... A cet
égard, la scène sonore affiche une densité
lisible, à échelle sonore humaine, et dont la dimension
émotionnelle révèle un lyrisme intime presque
épique. La musique dispose donc d'un revêtement formel
ultra-convaincant. C'est elle qui occupe tout l'espace sans jamais
donner la sensation d'être bassement "ventilée"
ou répartie sur six enceintes. Sa grande force relève
de son expressivité plastique et de son intégration
fluide et tempérée au cœur de l'espace acoustique
du film. Soyeuse, aérée, forte et tout bonnement
magnifique, la musique de 2046 est un événement
en soi. Lors du mixage, un effort artistique a été
réalisé pour l'intégrer dans le film sans
jamais la rendre illustrative ou secondaire. Il en va de même
pour les bruitages d'ambiance, dont le degré de réalisme
est lui aussi élevé tout comme les dispositions
scéniques dans l'espace stéréophonique avant
comme arrière. Lors de la séquence du Casino, les
voies arrières diffusent des ambiances vaporeuses détourées
avec soin, qui participent à l'élargissement de
la scène sonore de manière simple mais délicieuse.
Lorsque la musique paraît, la bande-son se pare d'éclats
multicanaux lisibles et presque "épiphaniques".
A
découvrir sans plus attendre, cette bande-son sobre, expressive,
équilibrée et en même temps très physique
incarne sans nuls doutes l'une des essences formelles du cinéma
de Wong Kar Wai. Elle récupère de sa mise en scène
un caractère impressionniste qu'elle transforme en donnée
acoustique-maîtresse. Une véritable et authentique
peinture sonore, dont l'audio-spectateur avisé saura ressentir
chaque coup de pinceau et chaque ébauche artistique.
DTS vs. Dolby Digital |
 |
NOTEZ LA PISTE DTS
Avant toute
chose, merci de consulter la page spéciale que nous avons
consacrée au propos de Claude Letessier, mixeur (Français)
du film. Issus du dossier de presse DVD de l'éditeur, la
lecture, assidue, de ce texte s'impose pour comprendre ce nous
allons aborder dans les lignes qui suivent.
Face
à ces nombreuses perspectives d'évocation multicanales,
la piste DTS 5.1 s'impose sans problème pour ses qualités
de restitution du relief multidimensionnel, plus appuyé
et franc, ainsi que pour la dimension sonore qu'elle ajoute aux
capacités spatiales dont le mixage est capable. L'atmosphère
qui en émane est tour à tour plus vive, plus cristalline
(les voix sur la centrale sont reproduites avec une bien meilleure
netteté). La richesse d'âme du mixage peut à
ce titre s'illuster à merveille. Timbre, dynamique, rapport
signal sur bruit, diaphonie sont épatants de prestance
et de densité formelle. Le côté brillant de
la bande-son, même s'il a été atténué
(nous allons y revenir) est davantage mis en valeur sur la piste
DTS, qui récupère une partie des subtilités
de la bande-son légèrement enfouies dans la piste
Dolby Digital 5.1. Précision et mise en forme de la musique
sautent littéralement aux oreilles, en particulier la dimension
musicale, nettement mieux reproduites en DTS, au point d'être
comme mieux inscrite dans le mixage. Chaque réverbération,
chaque prolongement des échos et chaque résonance
spatiales trouve dans le format DTS une once de supériorité
dans la reproduction, un véritable épanouissement
dynamique la plupart du temps. Massive et vaporeuse, la bande-son
y gagne en légéreté ainsi (et surtout) qu'en
aération, tout en se donnant davantage au spectateur-auditeur
grâce à la clarté retrouvée des dialogues
(de manière légère toutefois, mais suffisament
marquée). La scène sonore se densifie, s'élargit
aussi, tout en complétant l'espace et en redynamisant son
aspect spatial. Nous vous incitons à visionner le film
avec un réglage de volume placé plus haut que d'ordinaire,
histoire de laisser à la bande-son et à la piste
DTS la possibilité de se décanter et de s'épanouir.
Nous
ne tarirons pas d'éloge sur la dimension quasi-introspective,
mais surtout méditative du film, lisibles jusque dans la
bande-son. Et à nouveau, le codage DTS lisse les choses,
dramatise le poids sensoriel du son et revivifie une partie du
spectre audible. Sans évidemment retravailler le mixage,
il propose une mise en forme d'envergure fort bienvenue en accentuant
certains des aspects les plus sensibles du relief de la bande-son.
En revanche, les opérations de réégalisation
et d'amoindrissement qu'a du subir la bande-son nous mettent en
colère... En effet, une réégalisation de
la réponse en fréquence a été opérée,
tout comme une atténuation de la dynamique et une réduction
des écarts d'amplitude... Plus simplement, les pics sonores
ont été réduits, les signaux recalibrés
(certains de nos confrères parlent de gigantesques d'infra-graves
sur le générique du film, ici inaudibles car tout
bonnement absents...) et la dimension globale de la bande-son
réadaptée pour un environnement sonore domestique.
Nos visiteurs réguliers connaissent notre position intégriste
concernant ces retouches que nous dénonçons régulièrement.
En réalité, si adaptation il y a, c'est surtout
un reparamétrage de la bande-son, qui porte atteinte à
son intégrité artistique. A ce titre, les voies
arrières ont été réduites en amplitude
et en "rendu" volumétrique, alors que les spectateurs
de cinéma ont pu découvrir, pour peu que la salle
soit calibrée avec soin, un rendu de la bande-son plus
homogène, conforme en tous cas aux desiderata
du mixeur. Ici, le mixeur a été lui-même son
propre "bourreau": cette double nature l'affranchit
quelque peu puisqu'il est intervenu lors de la création
de la bande-son mais aussi de sa mise à jour sur DVD. Néanmoins,
comment justifier une telle pratique? "J'ai tout resserré
au centre, corrigé les médiums des dialogues..."
nous indique Claude Letessier. En opérant de la sorte,
on procède à une forme d'atténuation qui
neutralise certaines des formes artistiques de la bande-son, d'autant
que ces "opérations" ne s'avèrent presque
jamais nécessaires... Castration, trahison? Ces opérations
prennent donc part à une logique d'adaptation en vue de
la diffusion dans les home-cinema de France. Cette réponse
à la la diversité est en général condamnable
(Studio Mi Casa etc...). La correction des voix des acteurs est
en revanche inattaquable puisqu'elle convainc finalement, en proposant
sur la voie centrale une réponse charnue et dense, jusque
dans les médiums (zone d'écoute très sensible),
qui possèdent de quoi flatter l'oreille humaine. Mais pour
le reste... cette mise à jour forcée nous semble
inutile et surfaite. Au final, peu de déception puisque
contrairement à ce que réalisent régulièrement
les studios Américains, le haut du spectre n'a semble t-il
pas été écourté et la réponse
en fréquence peu "rabotée". Elle conserve
son équilibre, ce qui ne nuit finalement pas au pouvoir
d'évocation de la bande-son de 2046.
Un
bémol pour finir ce test donc, et le sentiment de se retrouver,
en dépit des qualités techniques de cette bande-son,
face à un travail minoré, amoindri, affaibli, mais
avec lequel il faut pourtant devoir composer... Le zone 3 est
sans doute plus expansif et complet, avec des sifflantes sur les
dialogues, aucune retouche sur la réponse en fréquence
globale (ultra-important pour une bande-son, rappellons-le, dans
la mesure où cela conditionne le pourtour du son mais ausi
son corps , son âme technique) ainsi qu'une présence
spatiale de la scène sonore davnatge marquée. Ici,
rien de réellement décevant sur ce zone 2 (la scène
sonore se montre construite et spatialisée avec soin),
mais un sentiment psychologique d'avoir été bernés,
et de subir à nouveau les outrages, pour paraphraser quelque
peu Truffaut, d'une certaine tendance du son au cinéma...
. Pas de quoi crier au scandale, mais suffisament d'éléments
pour se mettre en colère. Il est de notre devoir de vous
prévenir.
Suppléments : Que trouverez-vous
sur la galette ?
DISQUE
UN:
•
Film (2 heures 02)
• Menus animés
• Chapitrage musical et commentaires sur la musique
• Bandes-annonces de In the Mood for Love et 2046
• Sélection codage son (DD ou DTS 5.1)
DISQUE
DEUX: 2047 (3h de suppléments)
•
Making of (37 min)
• Scènes inédites: huit scènes
dont une fin alternative (20 min)
• Entretiens avec Wong Kar Wai, Tony Leung et Zhang
Ziyi (17 min)
• Légendes cannoises : documentaire sur la présentation
du film au Festival (27 min)
Extrêmement instructif et passionnant à suivre, ce
module de 27 minutes revient sur lévénement Cannes
2004 que fut 2046, avec moult interviews (Thierry Frémaux
etc...). Le documentaire revient également sur la "brutalité"
du montage Cannois du film, avec ses images en fil de fer, sorte
de pré-version définitive.
• Wong Kar Wai : portrait en 20'46": commentaires
sur le film par trois critiques : Michel Ciment (Positif), Jean-Michel
Frodon (Cahiers du cinéma) et Pascal Merigeau (Le Nouvel
Observateur), avec des extraits de Nos Années sauvages,
In the Mood for Love et 2046 (21 min présenté en
16/9)
Autre module fondamental de ce DVD, dans lequel la parole est
donnée à trois grands critiques Français.
Leur point de vue change radicalement de celui d'autres canards
très grand public, et ces trois fines plumes y dissertent
avec enthousiasme et exhaustivité. Tout l'uniers de Wong
Kar Wai est passé en revue, de l'esthétique au thématique.
Remarquable.
• 2046 : design du souvenir : les étapes de la
conception et de la réalisation de la ville futuriste en
images de synthèse (5 min)
• Bandes-annonces : “promo-reels”,
“trailers”, “teasers” et bande-annonce
définitive retracent l’évolution du film au
fil du temps, de 2002 à 2004 (16 min)
Genèse et évolution du film, dont le tournage prit
cinq ans. Complet et éclairant.
• La musique : présentation par Wong Kar Wai,
liste des morceaux, biographies des musiciens, et vidéo-clip
inédit sur l’air de Casta Diva, par Wong Kar Wai
(8 min)
• Galerie d’affiches : des dizaines de projets
de Hong Kong, du Japon et de France
Très riche section.
• Galerie de photos : un point de vue différent
sur des scènes du film et la découverte de scènes
totalement inédites
Superbes photos de production et de plateau.
• Devant et derrière la caméra : fiche
artistique, fiche technique, biofilmographies
• Numérologie : le sens de tous les nombres et
dates évoqués dans le film
Très complet, ces pages interactives lèvent le voile
sur certains des mystères du film, sans pour autant les
faire éclater au grand jour...
• Catalogue Océan et bandes-annonces de films
asiatiques
• Section ROM : le dossier de presse du film, économiseur
d’écran, fonds d’écran, liens internet...
• ...et un bonus caché que l'auteur de ces
lignes cherche encore...
Guide du voyageur
• Livret collector de 12 pages, manuel à l'usage
des passagers en partance pour 2046... qui se révèle
rpesque indispensable devant la richesse des suppléments
présentés!
Conclusion
Une
édition techniquement massive et convaincante pour une
oeuvre de cinéma inoubliable. Le DVD se fait donc écrin
de prestige, et l'on n'en attendait pas moins de la part de l'éditeur.
Pour ce mois de mai 2005, il s'agit donc d'une pièce de
choix à laquelle vous devriez avoir bien du mal à
échapper. En tenant compte de notre sérieux bémol
tout de même!
Les
amateurs éclairés de Wong Kar Wai peuvent découvrir
un autre de ses chefs-d'oeuvre, Days of Being Wild (Nos
Années Sauvages, 1991) en zone ALL (0) et en DTS 5.1 remasterisé,
pour un prix dérisoire, chez nos partenaires de Dvdasian.com,
en
suivant ce lien. Le film est présenté en 16/9
1.85 et est sous-titré en Anglais exclusivement.
Notes du Disque
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